Destination : 191 , Mal


Mal a dit ...

Que voulez-vous que je dise ?



Je ne peux quand même pas raconter au juge que, oui, j’ai violé cette femme en sachant pertinemment qu’elle n’était pas consentante. Que non, je n’ai jamais interprété ses regards et ses sourires comme une invitation, mais qu’au contraire, je me délectais d’y percevoir sa terreur.



Je ne peux pas dire au procureur que, si j’ai tué cet homme, ce n’est pas pour me défendre d’une agression mais que c’est juste pour le plaisir de voir gicler le sang sur le carrelage, tandis que ses mains cherchaient désespérément à arrêter le flot de sang qui sortait de sa gorge béante.



Je ne peux pas non plus expliquer aux jurés combien j’ai aimé l’odeur de chair brûlée de ce clodo, tellement imbibé d’alcool qu’il riait quand je l’ai attaché au matelas, avant de l’asperger d’essence et de l’enflammer avec le briquet qu’il m’avait tendu quand je l’ai accosté pour lui taxer du feu.



Je ne peux encore moins avouer à mon avocat la jouissance que m’ont procuré ces deux retraités que j’ai enfermés dans leur propre camping-car, inventant des tortures plus atroces les unes que les autres dans le seul but de voir leur corps mutilés se tordre de douleur.



Quand je rencontre celui ou celle qui deviendra ma prochaine victime, c’est comme si une voix intérieure m’électrisait. Ensuite, je piste, je renifle, je cajole, j’endors les méfiances pour mieux attirer ma proie dans mon piège. Je veux qu’elle y vienne d’elle-même, pour mieux saisir son effroi lorsqu’elle comprend enfin ce qu’il se passe. Car nous savons tous les deux, à ce moment-là, qu’il est trop tard, que mes griffes se sont irrémédiablement refermées sur elle. Je m’enivre alors de sa terreur, et ses cris et supplications ne font qu’accroître mon excitation. Je me sens puissant, invincible, vivant. Et quand je commence, rien ne peux plus m’arrêter. Je vais jusqu’au bout de mon œuvre. Je me repais de ce goût métallique qui emplit ma bouche, c’est mon appel du sang, et mon cœur s’accélère au rythme de sa souffrance. Il m’est même arrivé de jouir.



Si je parle, je vais passer pour un dingue et finir ma vie dans une unité de fous dangereux, gavé de pilules visant à anéantir la bête qui sommeille en moi. Mais si je me tais, j’ai une chance de partir dans un centre pour débiles, et là au moins, je serai tranquille. Qui sait, je pourrais peut-être même faire des rencontres intéressantes…

Myriam