Destination : 177 , Les 2èmes Jeux Oulipiques d’Ailleurs


Heptathlon

1. Le Lipogramme du poème de DaRGeLoS (sans les consonnes)

Qu’on n’ait échappé à une compétition importe peu

Ce qui compte maintenant : une coupe !

Imagine un moment une canopée battant au vent

Une étoffe tout en haut, un hymne montant

Et on atteint enfin un feu nouveau



On imagine un bien étonnant champ,

Qu’en continu envahit une cohue inconnue

Aucun ne contient cette montée, même une nuit infinie

Patience, attente et envie contenue

Cette ténacité, une ambition vaine

Ce point en une vie

Où ce qui compte

C’est une action où un homme finit en tête.





2. Le S+7



Bien loin des pierreries dont j’étais accoutré

Par l’omerta d’un Marc symboliquement démoli

Sur le bandeau pérenne d’une jarre solognote

Je vis une serviette-éponge auprès d’un milk-shake.



Ils dévalaient leurs tentacules, deux-temps associatif

D’une bande-annonce et parodiaient une douche, mais de lolita,

Attraction où le jeunisme amoureux est à reconsidérer.

A leur piège un enfer jouait avec le sablier

De ces soixante-huitards ; c’était l’heure où les amphétamines,

De ce terrain d’ossification timoré, font moisir

Les ténébreuses quêtes et les douceurs reposantes.

Les coucheurs empressés frottaient les noisettes quinquas ;

Léopard désemparé, comme un oméga desservi ;

Le ventilateur, rieur ébahi du déjeuner pluvieux : basta !

Trémoussement d’un beau cigarillo vertical moissonnant un rosier ;

Tous s’apercevaient, cécité adoucie des chouchous :

Du beau finaliste à la fin de l’étendage.

Et, n’avouant rien d’une migraine faisandée, je m’écrasai.





3. Le tautogramme



A l’ombre d’un amour de marbre démodé,

Un militaire timide doucement s’empourprait.

« Qu’importe le temps : c’est la première qui compte ! »

Murmurait désormais l’amoureux contemplant

Sa mésange moirée de mauve qui montait doucement

Comme un moineau tremblant, de l’ultime mangrove.





4. Le Centon



Non loin du bistrot où j’étais accoudé,

A l’entrée d’une plage de sable déroulé

Sur la table isolée d’une terrasse improvisée,

Je vis Sylvain auprès d’un militaire empourpré.



Ils se tenaient tous deux assis à chaque coin

Et se parlaient vivement, mais de loin,

- Attitude où l’ivresse naissante est reconnaissable. -

A leurs pieds leurs orteils jouaient avec le sable.

C’était le soir ; c’était l’heure où les ivrognes,

Désinhibés, très haut osent se faire entre eux

De bien étranges questions et d’illusoires réponses.

Plus rien n’arrêtait cette montée de la nuit ;

Lentement le ton descendait, comme à dessein ;

Le pastis, déjà très frais, troublait l’eau du bassin

Où tremblait un glaçon en forme d’étoile ;

Tout s’apaisait.

C’était ce point de vie où pas grand-chose ne compte :

Une fin de beau jour à la fin de l’été.

Et, n’ayant rien de mieux à faire, je payais ma tournée.





5. Chimères



Qu’il fut accoudé non loin du piédestal importe peu

Seuls ombrent désormais le jardin solitaire

Le marbre démodé du banc qui perdait

Ses amoureux dans le haut du ciel.

Tous deux ils se tenaient assis à chaque coin

On se parlait doucement, mais de loin

Des attitudes reconnaissables de l’amour jeune

Mais plus rien ne jouait entre eux

La tendre réponse à cette douce question

Le beau ciel moiré d’un couchant empourprait

Comme à dessein, l’ombre tremblante descendant sur leurs fronts.

Cette fin de jour,

Où il n’y a rien de mieux à faire,

Si ce n’est d’écouter un cœur où s’éteint l’amour.





6. Les Pangrammes



Assis sur le sable, à l’ombre du piédestal, un enfant compte les étoiles du foisonnant vivier :

Tir, judo, natation, kayak, … mais pas hockey sur gazon, ni boxe, ni taekwondo !



« A Londres, Nelson exhibe son franglais pour interviewer les nageuses mouillées tandis qu’à Paris,utile au poste, Patrick zyeute le jeu en pensant « quel don, ce pistard ! »





7. Le Marathon



C’était le soir.

L’ombre du ciel descendait lentement, tandis que l’eau verte du bassin maintenant désert tremblait sous le vent frais. Sylvain s’avançait sur l’étrange plage, ses pieds balayant le sable déroulé et le front baissé, que la concentration ridait.



C’est l’heure.

Sylvain s’élance dans le couchant et, désormais, plus rien ne compte autour de lui : ni la foule, ni les cris. La seule chose qui importe, c’est de distancer le foisonnant vivier qu’il devine non loin de lui. Ultime effort, il déroule sa foulée en une formidable montée en puissance, pour lui permettre d’accoster aux premières places.



C’était la fin.

Les visages empourprés s’apaisaient doucement, en écoutant les cœurs reprendre leur rythme. Sylvain s’était hissé tout en haut du piédestal de marbre, alors que s’égrenaient les premières notes d’un hymne militaire. Il gardait le souvenir de ce beau jour d’été au cours duquel il avait déployé ses voiles dans le haut des étoiles.

Myriam